41 - Le silence Martine et Alex

21 novembre 2010

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Charlotte va bien, ouf je suis rassuré. Je vais les voir demain matin pour dix heures. Puis j’ai appelé Martine sur son portable, je lui ai proposé qu’on se retrouve ensuite tous les deux pour déjeuner mais elle n’a pas voulu. Je comprends. Je me suis comporté comme un salaud, le boulot m’a monté à la tête, les responsabilités aussi, je me suis pris pour un seigneur là-bas à Marseille. Je suis tombé dans les pattes de Violaine, de bien belles pattes c’est vrai, mais ici j’ai mes filles, et Martine. Je ne peux pas tout flamber comme ça. Je ne peux pas rayer ma vie ainsi.

Hors de question de déjeuner avec lui au restaurant, je ne pourrais pas lui planter ma fourchette dans le cœur. Cela ferait désordre dans la salle. Je ne veux pas le voir. Qu’il s’occupe des filles, qu’il les emmène en vadrouille pour la journée et retour à 18h00. Quand il arrivera, je serai sortie avec Pilou. Le midi, je mangerai un morceau à la maison, puis j’irai chez le coiffeur, cela me changera les idées. Tout en débarrassant le couvert avec Charlotte, je pense à notre dernier restaurant à tous les deux. Bien avant les vacances de la Toussaint, le jour où il m’a annoncé ce nouveau job à Marseille. C’était hier et en même temps une éternité s’est infiltrée. J’ai l’image d’un gouffre, ou plutôt d’une tornade qui se serait abattue sur nous. Je vaque à mes occupations puis je vais voir les filles chacune leur tour dans leur chambre. D’abord ma petite Zoé, ma princesse. Je la sers tendrement dans mes bras et tout en la berçant je lui fais de gros baisers dans le cou. Tu sais, m’man, je suis contente de voir papa demain. C’est bien ma chérie, je suis contente pour toi aussi, fais de beaux rêves. J’allume la petite veilleuse et j’éteins la lumière, les étoiles dansent dans le ciel de ma fille. Je toque à la porte de Charlotte, elle est assise par terre, le dos appuyé contre le lit. Je m’assieds à côté d’elle. On va faire quoi demain avec papa ? Je ne sais pas vous verrez bien. Pourquoi tu ne viens pas avec nous maman ? Parce que je n’en ai pas envie, tu comprends j’ai beaucoup de peine, j’ai besoin de digérer et puis je ne sais pas si j’ai envie de revoir ton papa. Tu le reverras plus ? En tout cas, pour le moment je ne veux pas le voir. Charlotte me regarde, je sens les questions fusées dans sa tête, mais pas ce soir ma chérie, je ne pourrai pas te dire, pas ce soir. Allez ma chérie, je te laisse, ne te couche pas trop tard, 22h00 tu éteins, promis ? Promis m’man. Nous nous faisons un gros bisou en silence. Je me lève et referme la porte. Je vais dans la salle de bain, je me regarde dans la glace. Je ne sais plus qui je suis.