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La nouvelle est tombée cette nuit. Les québécois ont choisi les italiens ! Les italiens et Guitton, le boss est fou de colère. Nous sommes arrivés deuxième, notre dossier était bon mais celui des italiens meilleur. Putain, j’ai la rage ! Tout ce boulot, des mois de préparation pour rien ! Le boss veut me voir, je file à Paris. Je suis dans le train, qu’est-ce qui va se passer, je n’en sais rien, je vais mettre en avant combien j’ai remonté la filiale de Marseille, les résultats sont vraiment encourageants, depuis que j’ai repris cette direction, j’ai fait un bon boulot. J’ai rendez-vous à 14h00, ensuite je ne sais pas, est-ce que je passe à la maison ce soir, est-ce que j’attends le prochain week-end comme me l’a demandé Martine. Je n’en sais rien. Trop d’emmerdes, je ne peux plus réfléchir. Je vais d’abord défendre mon bifteck à la boîte, je tiens à ma prime, ensuite j’aviserai.
Julie m’appelle tous les jours, elle s’inquiète pour moi. Mais en fait je me surprends moi-même, je me découvre des capacités que je ne soupçonnais pas, je fais face. Est-ce que le chagrin viendra après, je n’en sais rien. Pour l’instant le quotidien prend le dessus, je gère pour les filles, je ne veux pas m’écrouler, alors j’avance. Bien sûr, j’ai pris un coup sur le carafon, bien sûr, j’ai envie de tordre le cou à Alex, mais cela me semble déjà loin tout ça. Peut-être que je ne l’aimais plus au fond, je ne sais pas. A quel moment, le quotidien tue-t-il l’amour, au premier enfant, au deuxième enfant, au quinze ans de mariage ? Et que va-t-il se passer ?
Je ne veux pas penser à demain, pour l’instant je suis en formation, je profite d’être avec d’autres personnes d’horizons différents, je me rends compte que je ne suis pas plus bête que les autres et pas plus moche non plus.