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Je reste à Marseille ce week-end, Martine ne veut pas que je rentre à la maison, je remonterai le week-end prochain. En attendant j’ai eu les filles au téléphone, Charlotte a à peine parlé quant à Zoé, elle s’est mise à pleurer, je me suis trouvé comme un con de lui faire autant de peine. Quand j’ai raccroché, je m’en suis voulu d’avoir tout fait pété, Violaine m’a sorti de mon mutisme en m’entraînant faire les magasins. Nous avons fait une galerie marchande à la recherche de tenue pour moi, elle tient à ce que je m’habille plus jeune. J’ai fait chauffer ma carte bleue pour une veste deux pantalons trois chemises à fines rayures avec cravates assorties et des chaussures qu’elle a tenu absolument à m’offrir. Puis nous avons pris un verre avant de réinvestir les boutiques pour elle. Pris dans le mouvement et devant l’enthousiasme de Violaine, j’ai chassé la culpabilité de mes pensées.
Je retrouve mon énergie, cela faisait des mois que je me laissais aller. Oh rien de bien méchant, c’est vrai, mais je prenais moins de temps pour moi. Dans la routine des jours et des semaines, je faisais moins attention à moi. Je partais souvent le matin à peine maquillée, je n’avais plus le temps. Dès le réveil, j’avais l’impression d’une journée déjà achevée dans mon corps. Je ne me reconnais pas, aujourd’hui j’ai les yeux ouverts, je me regarde dans la glace, il y a bien longtemps que je n’ai pas pris le temps de me regarder nue. Ce corps qui me porte, ce corps aimé par Alex, ce corps qui a mis au monde deux enfants. Je scrute ma peau, mes contours. Maintenant il couche avec une autre. Et pourtant nous avons aimé l’amour ensemble, nous avons joui à la recherche du plaisir de l’autre, maintenant cela n’est plus. Qui m’aimera, qui touchera à nouveau ce corps, qui m’emmènera dans le plaisir, qui me baisera ? Je palpe mon ventre, mes seins lourds et généreux, Alex les aimais, je les prends à pleine mains, mes seins qui ont nourri nos enfants, Je me grimace, tire la langue, rapproche mon visage du miroir, sourit complètement pour voir mes rides autour des yeux. Ce ne sont plus des rides d’expression, certaines restent, s’installent, je me tourne pour voir mes fesses. C’est ce qu’il préférait en moi, mes fesses. Rondes et dodues, je suis une bouillotte la nuit, il venait se coller contre moi, prendre ma chaleur. J’espère que l’autre pétasse a des fesses en gouttes d’huile, j’espère qu’elle est maigre comme une sardine affamée, je souhaite qu’elle s’étrangle en bouffant sa soupe de poisson. Je verse une huile hydratante dans le creux de mes mains et j’enduis mon corps. Je passe ma main comme pour effacer la trace de ses baisers. Les larmes coulent, je ne peux rien faire pour mon cœur, je ne peux pas le prendre dans mes bras pour le réconforter, je suis triste à mourir de tout cela. Toutes ces années ensemble, tous ces projets d’avenir, je pleure sur moi, que vais-je devenir ? Pourrais-je un jour aimer un autre homme, caresser un autre corps que celui d’Alex, éprouver du désir, me glisser contre un autre ? Les mains circulent encore sur ma peau et peu à peu je me calme, j’enfile mon tee-shirt pour la nuit, Pilou s’est installé au pied du lit, je glisse dans le lit et m’endort aussitôt. Je rêve. Je suis en voiture, je conduis, je ne reconnais pas le paysage, je m’arrête pour demander mon chemin, les gens ne parlent pas la même langue que moi, je suis dans un pays étranger, je ne sais pas où, je roule sans but. Le paysage défile, les villes aussi.
Au petit matin, je me réveille bien avant le réveil, je me lève enfile un jogging, des grosses chaussettes, des tennis, mon manteau et sort dans la fin de nuit avec Pilou.
Sardine ou thon ? That is the question.
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