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J’ai raccroché, je suis allée rejoindre les filles dans la cuisine, ce soir c’est crêpes, chocolat et confiture à volonté. Rien de tel que les douceurs pour accompagner la tristesse et le chagrin. Zoé silencieuse racle le pot de Nutella, tandis que Charlotte s’inquiète Mais, on ne va pas déménager ?

Mais non, ma chérie, on ne va pas déménager, nous restons ici toutes les trois avec Pilou et le grimard, bien sûr ! Il est hors de question de partir, ne t’inquiète pas. Mais alors, papa on le voit quand ?

Pour l’instant je ne sais pas, j’ai besoin de temps pour réfléchir, ce n’est pas simple tout ça.

Papa, il t’aime plus ? demande Zoé. Aïe c’était la question que je redoutais, comment dire, comment expliquer à une enfant de neuf ans que l’amour c’est merveilleux certes mais c’est aussi parfois bien compliqué ! Je ne sais pas si ton papa ne m’aime plus, je crois que c’est plus compliqué que cela, en tout cas, il vous aime c’est sûr, vous êtes ses deux filles chéries.

Mais alors, ça veut dire quoi ?, insiste-t-elle.

Ca veut dire qu’on va avoir une belle-mère et peut-être des demi-frères ou des demi-sœurs, qu’on sera couvert de cadeaux à Noël, qu’on passera les week-end des fois avec papa, des fois avec maman, voilà ! Bienvenue au club des divorcées maman, tu sais t’es dans la norme, j’ai trois copines sur cinq dont les parents sont divorcés. Après un tel discours, elle se lève pour prendre une crêpe qu’elle recouvre de sucre glace.

Zoé se met à pleurer, je me lève pour la prendre dans mes bras et la porter sur mes genoux. Tout en la berçant contre moi, je vois la grande se frotter les yeux. Viens vers moi Charlotte, viens faire un calin avec nous. Elle se précipite contre nous et nous entamons un concert de pleurs. Heureusement, pas longtemps, Pilou aboie, saute cherche à comprendre ce qui se passe. Devant tant d’enthousiasme, nous nous séparons, Zoé cherche à attraper Pilou, il hésite court autour de la table de la cuisine, ne veut pas être contaminé par la tristesse, il aboie de plus belle, alors Charlotte aide sa sœur et ensemble elles l’attrapent. Il lèche les bouilles chocolatées des filles qui rigolent de bon cœur pour mieux chasser la peur. Pilou se retrouve couvert de bisous. Là-dessus, le grimard entre dans la cuisine en miaulant sa gamelle tout en se frottant contre nos jambes.

Grrrrrr... Je sens que je vais encore manger froid ce soir.